Joseph est sur le banc de la place du village, tout seul. François s’approche de lui.

François

Oh, qu’est-ce qui se passe, aujourd’hui ? Il n’est pas là, Raymond ?

Joseph

Eh, non. Il est chez le docteur.

François

Rien de grave, j’espère ?

Joseph

Non. Mais c’est sa femme. Elle lui a dit qu’il devait aller voir son docteur. Et comme il fait ce qu’elle dit, eh, eh…

François

Elle n’a peut-être pas tort, avec le tour de taille qu’il a…

Joseph

Quel tour de taille ? Il est à peine plus gros que moi !

François

Bon, bon, bon, on n’en parle plus… Et il en a pour longtemps chez le médecin ?

Joseph

Il m’a dit qu’il rentrerait en fin d’après-midi.

François

En attendant, qu’est-ce que tu fais tout seul sur ton banc ?

Joseph

Ah…, je regarde le monde.

François

Eh bien, d’ici, tu ne dois pas voir grand-chose !

Joseph

Oh, tu te trompes. Tu vois, en regardant ce pauvre Parisien, eh bien, je me dis que la vie n’est pas toujours rose.

François

Tu exagères !… Mais, c’est vrai. On m’a dit que leurs affaires ne marchaient pas très fort.

Joseph

Pas très fort ! Eh bien, ceux qui t’ont dit ça, ils sont modestes. Dix clients en deux semaines ! Quand il est arrivé, il m’a dit qu’il ferait salle pleine au bout d’un mois. Et moi, je lui ai dit qu’il n’y arriverait pas.

François

Oui, mais toi, tu vois toujours les choses en noir !

Joseph

Oh !

François

Moi, je suis sûr qu’ils vont y arriver. Tiens, je vais aller lui dire un petit bonjour, en passant…